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Importer d’Iran pour ne pas dépendre de Moscou septembre 15, 2007

Posted by starbucker in Géopolitique, Iran, Russie.
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Le projet de gazoduc sous l’Adriatique promu par le groupe suisse EGL est de nature à renverser la donne géopolitique.

«Le gazoduc sous l’Adriatique devrait être achevé en 2010. Il aura une capacité de transport de 10 à 20 milliards de mètres cubes de gaz par an.» Responsable de la communication du groupe énergétique suisse EGL, Lilly Frei décrit ce vaste projet de construction du Trans Adriatic Pipeline qui permettra l’importation de gaz iranien. L’infrastructure de près de 1 milliard de francs doit relier sous la mer Adriatique la région de Thessalonique en Grèce à Brindisi en Italie du Sud en passant par l’Albanie. Elle servira à importer le gaz iranien en vertu de l’accord conclu avec la National Iranian Gas Export Company (Nigec). Du champ gazier iranien à la Grèce, le gaz importé devrait utiliser les gazoducs déjà existants passant par la Turquie.

La société de trading EGL se positionne déjà en vue de la libéralisation du marché de l’énergie. Mais le contrat avec Nigec aura aussi une autre vertu: il alimentera les quatre centrales à gaz que EGL construit en Italie. La première, à Sparanise, à 35 kilomètres au nord de Naples, est déjà opérationnelle. Une seconde sera installée à Ferrara, une autre à Salerno et une dernière en Calabre. Les quatre centrales auront une puissance de 2000 mégawatts au total. EGL va utiliser le gaz importé restant en Roumanie et mettre le reste à disposition sur le marché de l’énergie. Le projet du Trans Adriatic Pipeline ouvre un quatrième corridor énergétique pour l’Europe. Une perspective considérable au vu de l’actuelle forte dépendance européenne au gaz russe. L’Italie, qui est menacée par une grave pénurie énergétique à terme, fait tout pour assurer les besoins de son économie. Rome encourage la réalisation du gazoduc à travers l’Adriatique, mais ne renonce pas non plus à un projet de gazoduc russe traversant l’ex-Yougoslavie.

Directeur général du secteur Europe occidentale au sein du Ministère iranien des affaires étrangères, Mostafa Dolatyar pense que le projet de gazoduc et le contrat conclu entre EGL et Nigec représentent une situation de gains mutuels pour la Suisse et l’Iran: «Ce type de coopération permet de stabiliser le marché de l’énergie et de diversifier les fournisseurs de gaz. Ne se fier qu’à un seul fournisseur est très risqué.»

Lilly Frei ne cache pas que le projet de EGL constitue une petite contribution aux intérêts nationaux de la Suisse. Il permet à Berne de diversifier l’approvisionnement en gaz de la Suisse. Ce n’est donc pas un hasard si EGL est en contact permanent avec plusieurs services de l’administration fédérale et bénéficie d’un soutien diplomatique si nécessaire. Une épée de Damoclès est toutefois suspendue au-dessus du projet: la pression américaine pour appliquer des sanctions renforcées à l’Iran. Lilly Frei ne s’en formalise pas: EGL, qui n’entend pas exploiter le gaz en Iran, a étudié la question avec des avocats: «Notre contrat n’entre pas dans le cadre des sanctions.» Il n’est donc pas soumis à l’Iran and Libyan Sanction Act (ISLA) qui, selon les Américains, interdit aux sociétés étrangères d’investir plus de 20 millions de francs dans la République islamique.

Source Le.Temps.ch

Comment Gazprom verrouille le gaz d’Asie centrale septembre 4, 2007

Posted by starbucker in Gaz, Géopolitique, Russie.
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En signant un accord avec les Kazakhs, le groupe russe Gazprom renforce sa domination sur le gaz du pourtour de la Caspienne. Au grand dam des Européens, de plus en plus dépendants de la Russie pour ses approvisionnements. Pourtant, l’UE s’active toujours à trouver des routes alternatives pour acheminer ce gaz très convoité. Reportage à Orenbourg, poste avancé des ambitions russes en Asie centrale.

Ovietskaya Ulitsa est la rue la plus animée d’Orenbourg, une ville de 500.000 âmes située à 1.400 kilomètres au sud de Moscou. De jeunes Russes déambulent sur la large rue piétonne en se fouettant le buste et les jambes avec des branchages pour repousser des nuées de moustiques particulièrement agressifs. La longue artère débouche sur les rives de l’Oural, qui sépare l’Europe de l’Asie. La frontière kazakhe est à moins de 100 kilomètres. Orenbourg est pour l’instant restée à l’écart du boom économique russe, confortant au contraire son rôle de ville frontière aux marches de l’empire.

Les pays riverains de la Caspienne (Russie, Kazakhstan, Turkmenistan, Iran, Azerbaïdjan) sont riches en hydrocarbures. Mais l’enclavement de la région rend difficile l’exportation de ces ressources que se disputent les pays consommateurs. Depuis l’explosion de l’Union soviétique en 1991, une sourde rivalité oppose la Russie aux États-Unis et à l’Europe pour le contrôle des voies d’exportation du pétrole et du gaz d’Asie centrale. Jusqu’à la récente mise en service du Bakou Tbilissi Ceyhan (BTC), un important oléoduc reliant Bakou à Ceyhan en Turquie via la Géorgie, la Russie disposait d’un quasi-monopole sur les exportations de pétrole de la Caspienne.

LE BRAS LE PLUS PUISSANT DE LA RUSSIE

Les États-Unis et l’Europe souhaitent casser cette quasi-exclusivité dont dispose le géant russe Gazprom sur les exportations de gaz centrasiatique. En vain. Au début de l’été, Gazprom et l’entreprise publique kazakhe KazMunaiGaz ont signé un accord de quinze ans afin de créer une entreprise conjointe qui traitera le gaz du gisement géant de Karachaganak – situé au Kazakhstan – dans le complexe gazier d’Orenbourg – situé en Russie. Moscou a verrouillé de manière presque définitive les réserves en gaz d’Asie centrale.

Orenbourg reprend ainsi, en Asie centrale, son rôle de poste avancé des ambitions impériales de la Russie – dont Gazprom est probablement le bras le plus puissant. Orenbourg fut en effet au coeur du  » Grand Jeu  » qui opposa durant le XIXe siècle les ambitions impériales russe et britannique dans cette région éloignée des grandes routes commerciales. La ville joue depuis sa création en 1743 le rôle de poste avancé des visées hégémoniques russes. Orenbourg doit son véritable essor économique au développement du gigantesque gisement de gaz éponyme. Découvert au début des années 60, mis en production en 1974, il est aujourd’hui en voie d’épuisement.

Un siècle presque jour pour jour après la fin du Grand Jeu – il s’acheva officiellement avec la signature le 31 août 1907 d’une convention entre l’Angleterre et la Russie sur le partage de la région -, la petite ville endormie revient aujourd’hui pourtant au centre d’un nouveau grand jeu. Ce n’est plus le contrôle des steppes d’Asie centrale mais celui des routes énergétiques qui permettent d’exporter les réserves de pétrole et de gaz des républiques d’Asie centrale jusqu’au consommateur final en Europe.

Avec l’accord signé entre Kazmounaïgaz et Gazprom, le Kazakhstan s’engage à livrer 16 milliards de mètres cubes de gaz par an à Gazprom grâce notamment au développement du gisement géant de Karachaganak (1.300 milliards de mètres cubes de gaz et 1,2 milliard de tonnes de condensés). En contrepartie, l’immense usine de traitement d’Orenbourg –  » la plus grande de Russie et d’Europe « , selon son directeur Anatoli Trinov – va porter ses capacités de traitements à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an.

Gazprom renforce ainsi un peu plus sa domination sur le gaz du pourtour de la Caspienne. Au grand dam de l’Union européenne. Le gaz est une composante essentielle du bouquet énergétique européen. Il assure près d’un quart des besoins énergétiques des vingt-sept pays de l’Union et 20 % de sa production d’électricité. Or l’UE importe 63 % de son gaz naturel dont 45 % en provenance de Russie. Et deux guerres du gaz (avec l’Ukraine début 2006 et avec la Biélorussie début 2007) ont souligné à quel point le Vieux Continent dépendait du gaz russe.

L’Union européenne s’active donc en coulisse pour développer de nouvelles routes afin d’acheminer du gaz azerbaïdjanais, kazakh, turkmène ou ouzbek vers le marché européen sans passer par le territoire russe. Compte tenu de l’embargo américain sur tout investissement étranger en Iran, le seul moyen de transporter du gaz d’Asie centrale vers l’Europe est de construire un gazoduc sous la mer Caspienne pour acheminer le gaz vers le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzerum avant de le connecter au réseau européen de Nabucco. Trop tard, estiment de nombreux experts. Gazprom a déjà verrouillé l’essentiel du gaz centrasiatique, rendant illusoire le développement- forcément coûteux – de nouvellesroutes.

LA CONSTRUCTION DU TRANSCASPIEN COMPROMISE

Vladimir Poutine consacre beaucoup d’énergie au renforcement des liens de la Russie avec les républiques d’Asie centrale. Lors d’un sommet à Achkabad, le 12 mai 2007, la Russie, le Turkmenistan et le Kazakhstan se sont mis d’accord sur la construction d’ici à 2012 d’un gazoduc d’une capacité de 20 milliards de mètres cubes par an traversant les deux anciennes républiques soviétiques le long de la côte caspienne. Ils se sont également engagés à moderniser et développer le principal réseau de transport de gaz centrasiatique – le CAC – afin de porter ses capacités à 90 milliards de mètres cubes par an.

Le succès de ce sommet constitue un coup dur pour l’Europe. Avant même l’accord entre Kazmunaigaz et Gazprom, 92 % du gaz produit en Asie centrale passait par le réseau de gazoducs russe. Une proportion qui risque de s’accroître encore. La construction du transcaspien semble sérieusement compromise.  » Les risques technologiques, écologiques et légaux sont tellement élevés qu’il sera impossible de trouver un investisseur à moins qu’il s’agisse d’un investisseur politique qui se moque de savoir combien on peut pomper de gaz à l’intérieur « , ironisait le ministre russe de l’Énergie lors du sommet d’Achkabad.

L’accord du 1er juin 2007 entre Gazprom et Kazmounaïgaz n’a fait qu’assécher un peu plus encore les possibilités de remplir le gazoduc transcaspien. D’autant que le Turkménistan vientde lancer la construction d’un gigan-tesque gazoduc vers la Chine et que le Kazakhstan a tout intérêt à maintenir de bonne relation avec la Russie. Plusieurs gisements de pétrole offshore sont à cheval entre les eaux territo-riales russes et kazakhes. Comme le souligne Thomas Gomart, spécialiste de la Russie au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri),  » le transcaspien est dans les tuyauxdepuis le lancement de l’oléoduc BTC. Mais sa réalisation se heurte à l’oppo-sition de la Russie, au statut toujours pas défini de la mer Caspienne – s’agit-il d’un lac ou d’une mer ? – et d’une forte hostilité des républiques d’Asie centrale à l’égard des États-Unis. La Russie de Vladimir Poutine n’a plus grand-chose à voir avec celle de Boris Eltsine. Le BTC n’a pu voir le jour qu’en raison de la grande faiblesse de la Russie de Boris Eltsine ». Vladimir Poutine semble aujourd’hui avoir toutes lescartes en main.

Le gaz d’Asie centrale est en outre au coeur de l’équation énergétique russe.  » Gazprom a autant besoin du gaz d’Asie centrale que ces pays ont besoinde nous pour livrer le gaz jusqu’aux acheteurs finaux « , souligne le vice-président du département international du géant gazier Sergueï Kerovan. Une grande partie du gaz produit en Asie centrale est en effet vendu directement en Europe par Gazprom, qui en aura de plus en plus besoin pour honorer ses engagements auprès de ses clients européens.

La production des grands gisements mis en production à l’époque soviétique (Medevhze, Urengoy, Yamburg) décline rapidement. Les nouveaux gisements développés (Zaportanoye, Pestovoye, Tarkosalinskoye) devraient permettre de compenser leur déclin jusqu’en 2010. Mais, au-delà, pour maintenir son niveau de production actuel Gazprom devra accroître ses capacités de production de 70 milliards de mètres cubes d’ici à 2015 et de 180 milliards d’ici à 2020. Or Gazprom ne consacre qu’un  » peu moins de 30 % de ses investissements au développement de sa production et reste flou sur le calendrier de sa production « , souligne Catherine Locatelli, chercheur au CNRS et spécialiste des questions énergétiques dans l’ancien espace soviétique.

Le gaz centrasiatique permet à Gazprom de  » boucler son bilan gazier sans forte hausse de sa production, les importations permettant de différer la mise en production et donc les investissements nécessaires au développement de nouvelles zones gazières aux coûts de production plus élevés « , poursuit Catherine Locatelli. Les exportations de Gazprom vers l’UE conditionnent sa rentabilité. Elles représentent un quart de sa production totale mais lui assurent 70 % de ses revenus. Pour une raison simple. En 2006, Gazprom vendait son gaz 43 dollars les 1.000 mètres cubes sur le marché russe contre 240 dollars en Europe.

 

Source La Tribune

Des pays en développement affichent sans complexe leurs ambitions nucléaires août 29, 2007

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Jean-Pierre Bommer, Secrétaire général de la Fédération romande pour l’énergie (FRE), www.frenergie.ch

L’accord franco-libyen est un signal parmi d’autres. Au moment de son réveil dans les pays industriels, l’atome fait aussi des envieux dans les pays en développement. Coup sur coup, l’Egypte, l’Algérie, le Maroc, des Etats du Golfe, et même la Namibie, annoncent leur intention de se lancer dans le nucléaire civil.

Confrontés au défi du développement, certains gouvernements ont parfaitement identifié les avantages de l’atome pour assurer un approvisionnement performant et stable en électricité. Mais s’ils veulent se donner une chance d’accéder au nucléaire civil, ces pays doivent se rendre insoupçonnables en termes de prolifération.

L’exemple de l’Iran est là pour rappeler que toute ambition dans ce domaine passe par un préavis favorable des Etats-Unis et par l’intégration d’un éventuel programme de développement dans le cadre strict et balisé de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’Egypte et l’Algérie, entre autres, ont engagé des discussions bilatérales avec Washington.

L’Algérie dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995. Ils sont placés sous le contrôle de l’AIEA, qui les inspecte régulièrement. Alger ne cesse d’affirmer sa volonté d’instaurer une totale transparence autour de son programme de recherche nucléaire, en privilégiant une coopération multilatérale. Au mois de janvier dernier, la ville accueillait une conférence régionale africaine, organisée à l’enseigne de «La science et la technologie au service du développement». A cette occasion, le président Abdelaziz Bouteflika a plaidé pour l’accès des pays africains aux technologies nucléaire civiles.

Cette ambition désormais clairement affirmée a fait tache d’huile dans plusieurs directions: «Les pays arabes du golfe Persique prévoient d’engager en 2009 leur propre programme nucléaire», vient de déclarer le ministre de l’Energie et de l’Industrie du Qatar, Abdullah ben Hamad Al Attiyah. «Tôt ou tard, le pétrole et le gaz vont s’épuiser et nous devons penser à l’avenir», a-t-il ajouté.

Une fois approuvé par les gouvernements concernés, ce projet commun sera conduit dans le cadre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et le Sultanat d’Oman. Quelle que soit l’orientation donnée aux futures recherches, elle n’inclura pas l’enrichissement de l’uranium. C’est ce qu’a tenu à rappeler le secrétaire général du CCG, Abdullah Al Attiyah, soucieux de se démarquer d’emblée du modèle iranien.

Le 19 mars dernier, quatre experts de la compagnie étatique russe Atomstroyexport arrivaient au Maroc pour rencontrer des représentants de l’Office national de l’énergie (ONE). Au cœur des discussions figurait, selon le quotidien espagnol El Pais, le projet de construction de la première centrale électrique nucléaire marocaine à Sidi Boulbra.

Atomstroyexport est le maître d’œuvre russe des accords intergouvernementaux sur la construction d’ouvrages nucléaires à l’étranger. Cette société supervise sept réacteurs en cours de construction en Chine, en Inde, en Iran et en Bulgarie. Elle poursuit des négociations avec d’autres pays, tels le Kazakhstan et la Turquie. Le site d’implantation étant identifié, une première centrale marocaine pourrait entrer en service vers 2016.

«Puisque nous avons le combustible, pourquoi ne pas le valoriser dans nos propres centrales?» Une question que se posent désormais les dirigeants de la Namibie, pays qui vient d’inaugurer une deuxième mine d’uranium sur son territoire. «Nous allons explorer la possibilité d’utiliser une partie de ce combustible pour générer de l’électricité», confirmait le président Hifikepunye Pohamba. La Namibie contribue à hauteur de 7% à la production mondiale d’uranium. La mise en service de cette seconde mine lui permettra de porter sa participation à 10% d’ici à la fin de 2007.

A peine cette ambition était-elle annoncée que la Russie manifestait son intérêt pour le projet namibien. Les sociétés technologiques et énergétiques Techsnabexport et Renova, appuyées par la banque commerciale Vneshtorgbank, se déclaraient disposées à construire la première centrale nucléaire de cette république, à laquelle un tel ouvrage offrira les conditions d’un véritable décollage industriel.

De fait, trois pôles de développement nucléaire pourraient se constituer en Afrique: l’Algérie au nord, la République sud-africaine au sud et l’Egypte à l’est. Mais c’est au sud que les choses sont les plus avancées. La République sud-africaine, seul pays du continent qui exploite une centrale nucléaire industrielle, s’apprête à construire un réacteur pilote à haute température, basé sur une technologie développée puis abandonnée dans les années 1980 aux Etats-Unis et en Europe (voir l’encadré ci-dessous).

Cet intérêt des pays en développement pour l’atome ne va pas s’arrêter là. D’autres Etats devraient bientôt préciser leurs intentions, par exemple en Amérique du Sud et dans les anciennes républiques soviétiques de l’Asie. De son côté, l’AIEA s’est dite prête à soutenir ces ambitions, tout en attirant l’attention des uns et des autres sur les conditions d’un tel développement: «Les centrales nucléaires demandent des conditions cadres technologiques et juridiques complexes, des ressources financières importantes et du personnel qualifié», avait rappelé Mohamed ElBaradei, directeur général de l’agence, lors de la conférence d’Alger en janvier dernier.

 

Source Le Temps

En Asie centrale, Pékin et Moscou se posent en rivaux de Washington août 21, 2007

Posted by starbucker in Chine, Etats-Unis, Géopolitique, Russie.
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L’Organisation de coopération de Shanghai, réunie jeudi et vendredi dernier pour son 7e sommet annuel, s’est engagée à accélérer sa coopération en matière de sécurité et d’énergie. Elle a également lancé en direction des Etats-Unis un avertissement contre toute tentative de créer « un ordre mondial unipolaire ».

Le président chinois, Hu Jintao, et son homologue russe, Vladimir Poutine, vendredi, lors des manoeuvres militaires organisées dans l’Oural. L’occasion d’une démonstration de force pour les deux anciens frères ennemis.

Comme prévu, énergie et sécurité ont été les thèmes clefs du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), à Bichkek, au Kirghizstan, qui a été ponctué de remarques voilées contre les Etats-Unis et suivi vendredi de gigantesques manoeuvres militaires dans l’Oural. Les présidents russe, Vladimir Poutine, et chinois, Hu Jintao, ainsi que les chefs d’Etat du Kazakhstan, d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan ont signé une dizaine de documents, ainsi qu’un accord global de « bon voisinage, d’amitié et de coopération » prévoyant le renforcement de la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, la création d’un « club énergétique » et l’intégration économique de la région.

Fidèle à sa réputation d’organisation vouée à contrer l’influence américaine dans la région, l’OCS a lancé, dans son communiqué final, un avertissement contre toute tentative de créer un « ordre mondial unipolaire ». Un message à l’attention des Etats-Unis, encore locataires d’une base militaire au Kirghizstan (après s’être fait expulser d’Ouzbékistan en 2005) et engagés aux côtés de l’Europe dans une lutte d’influence acharnée, contre la Chine et la Russie, pour l’accès aux vastes ressources énergétiques de l’Asie centrale.

Vladimir Poutine a pesé de tout son poids pour la mention d’un « club énergétique » dans le communiqué, sans obtenir cependant la signature d’un accord séparé et détaillé. Les principes énoncés de ce club consisteraient à donner plus de poids aux membres observateurs de l’OCS (Inde, Pakistan, Iran et Mongolie), à unifier les tarifs au sein de l’organisation et à défendre les intérêts des pays producteurs et consommateurs à la fois sur les marchés intérieurs et extérieurs. Alors que l’idée de cartel gazier, avancée par Vladimir Poutine lui-même, avait déjà suscité l’inquiétude des pays consommateurs occidentaux, un tel club pourrait fortement contredire leurs intérêts et plus particulièrement ceux des Etats-Unis, suggère le spécialiste de la région Nicolas Gvosdev dans la revue en ligne américaine « National Interest » : « Si un tel club est créé, les Etats-Unis auront beaucoup plus de difficultés à isoler économiquement l’Iran, à réduire l’influence de la Russie sur les ressources énergétiques de l’Asie centrale, et à influencer le montant des réserves de dollars de la Chine, dans l’hypothèse où les prix de l’énergie ne seraient plus fixés en dollars. »

Divergences et rivalités

Signe de l’influence croissante de l’OCS et de ses ambitions géopolitiques, le nombre de dignitaires présents à Bichkek : 1.500 personnes, dont 10 chefs d’Etat, parmi lesquels l’ennemi juré de George Bush, l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad, mais aussi son allié afghan, Hamid Karzaï, invité d’honneur, tout comme le nouveau président du Turkménistan (le pays le plus riche en gaz de la région), Gourbangouly Berdymoukhamedov. « L’Organisation de coopération de Shanghai a clairement pour ambition de devenir le deuxième pôle d’influence dans le monde, même si cela doit prendre vingt ou trente ans », rappelle Andreï Grozine, directeur du département de l’Asie centrale de l’institut de la CEI à Moscou.

Les déclarations de Hu Jintao et de Vladimir Poutine ont pourtant clairement laissé apparaître divergences et rivalités entre les deux poids lourds de ce club eurasiatique, censé symboliser le rapprochement des deux anciens ennemis. Tandis que le président chinois a axé ses interventions sur l’intégration économique de la région, qu’il a appelé « à accélérer », Vladimir Poutine a préféré un discours sécuritaire plus agressif, avant d’annoncer en grande pompe la reprise des vols stratégiques de bombardiers (capables de porter des têtes nucléaires), abandonnés après la fin de la guerre froide faute de moyens.

La Chine pousse ses pions

Après la promesse d’investissements chinois massifs dans un projet ferroviaire entre le Kirghizstan et la Chine, Vladimir Poutine s’est empressé d’annoncer, à la surprise générale, des investissements à hauteur de 2 milliards de dollars dans la petite république d’Asie centrale, sans donner de précisions.

Pékin, qui avance méthodiquement ses pions en Asie centrale, tout en courtisant Moscou et ses immenses réserves énergétiques indispensables à sa croissance économique de 10 % par an, a pris une longueur d’avance sur son allié samedi. Hu Jintao a confirmé le projet de construction d’un gazoduc entre le Turkménistan et la Chine via le Kazakhstan, dont la capacité prévue de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an compromet les engagements turkmènes, de 50 milliards de mètres cubes par an, auprès de Moscou. Le leader chinois a aussi scellé un accord stratégique avec Noursoultan Nazarbaïev pour la construction d’une extension à l’oléoduc Atasu-Alashankou (capacité prévue de 10 millions de tonnes), qui permettra d’assurer 5 % de la consommation chinoise.

 

Source Les Echos

Le pétrole et une nouvelle donne géostratégique dopent l’influence de l’Afrique août 20, 2007

Posted by starbucker in Afrique, Géopolitique, Pétrole.
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Elle est courtisée par la Chine et l’Inde, suscite l’intérêt des Etats-Unis, possède, au moins par endroits, du pétrole… L’Afrique n’a sans doute jamais eu autant d’atouts en main depuis longtemps sur la scène internationale. Reste à savoir si elle pourra utiliser cette influence nouvelle pour mettre fin aux maux qui l’accablent.

« Il y a une nouvelle dynamique à l’oeuvre », souligne Anthony Goldman, consultant indépendant sur l’analyse des risques basé à Londres. « Et le défi pour ces pays est de la gérer. »

En 1993, les principaux pays africains producteurs de pétrole -Nigeria, Angola, Cameroun, Tchad, Guinée équatoriale et Gabon- ont livré 494.000 barils par jour aux Etats-Unis, selon les statistiques de l’Administration américaine de l’information sur l’énergie, soit environ 7% des importations totales des Etats-Unis. En 2006, le pétrole de ces pays a représenté 18% des importations américaines, avec en moyenne 1,8 million de barils par jour.

Mais ces pays comptent aussi parmi les plus mal en point en Afrique, la plupart ayant à leur tête des dirigeants faibles ou illégitimes, alors que des pays plus pauvres comme le Sénégal, le Mali, le Liberia, le Burundi ou le Ghana ont enregistré des progrès en matière de démocratie.

La Guinée équatoriale affiche un produit intérieur brut par habitant parmi les plus élevés au monde grâce à la manne pétrolière, mais elle figure dans le bas du classement de l’indice du développement humain (IDH) établi par les Nations unies.

Le cas du Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, est également emblématique. Malgré d’importantes recettes pétrolières -des centaines de milliards de dollars-, les 140 millions d’habitants du pays le plus peuplé d’Afrique restent désespérément pauvres. Environ 70% des Nigérians vivent avec moins de deux dollars par jour, selon l’ONU.

Une grande partie de la richesse pétrolière en Afrique est volée par des dirigeants corrompus, ou gaspillée. Rien qu’au Nigeria, la Banque mondiale estime que 300 milliards de dollars de recettes gouvernementales issues du pétrole ont disparu. Le pays pointe à la 159e place sur 177 au classement IDH.

Reste que la Chine et l’Inde, à la recherche de ressources naturelles pour leur économie en pleine croissance, réalisent de plus en plus d’investissements sur le continent noir. La croissance enregistrée par l’Afrique l’an dernier, estimée à 5,5%, est attribuée en grande partie à la demande quasi-insatiable de la Chine pour le pétrole, gaz, bois, cuivre et d’autres ressources. La croissance économique de l’Afrique sub-saharienne devrait approcher les 7% en 2007, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Le commerce entre l’Afrique et la Chine a augmenté de 40% l’an dernier, atteignant 55,5 milliards de dollars, et Pékin estime que ce chiffre devrait passer à 100 milliards d’ici 2020.

Les Etats-Unis s’intéressent également au continent. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, réduire la dépendance pétrolière avec le Moyen-Orient est l’un des objectifs du gouvernement américain, et Washington a récemment annoncé vouloir implanter une base de commandement militaire permanente en Afrique. « Il y a clairement une donnée énergétique là-dedans », reconnaît le contre-amiral de la marine américaine Bob Moeller, impliqué dans le projet. « L’importance stratégique de l’Afrique augmente. »

Selon les analystes, la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme depuis 2001 combinée à la hausse des prix du pétrole, donnent à l’Afrique une occasion de tourner la page de décennies de guerre, maladies, corruption et de pauvreté.

Le continent fait pression pour décrocher un siège de membre permanent dans un Conseil de sécurité de l’ONU élargi. Son influence nouvelle auprès des grands pays pourrait lui permettre d’obtenir des accords commerciaux plus favorables, une aide directe accrue ou encore des prêts à de meilleurs taux d’intérêt.

Selon les analystes, l’Afrique ne peut plus être ignorée. Le pétrole attire l’attention, mais la sécurité de l’Afrique est aussi devenue un enjeu pour les Etats-Unis, précise Peter Pham, professeur de relations internationales à l’université James Madison (Virginie). « Si le 11-Septembre nous a appris quelque chose, c’est que des Etats faibles peuvent constituer des menaces », souligne-t-il. « Il y a un intérêt pour le développement de la capacité des Etats africains à gérer leurs propres problèmes et à fournir des services à leurs populations. »

 

Source AP

Le Turkménistan tente d’adoucir son régime pour gagner son gaz août 19, 2007

Posted by starbucker in Gaz, Géopolitique, Turkménistan.
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Le nouveau président multiplie les signaux en direction des capitaux étrangers, mais le pouvoir central garde toute sa poigne.

Le Turkmenbashi est mort, vive le Turkmenbashi! Feu Saparmourat Niazov, bienfaiteur autoproclamé de la nation, avait promis des élections libres en 2009. Il s’est tu avant l’échéance qui aurait donné ses lettres de noblesse à son parti, renommé démocrate à la chute de l’Union soviétique. Qu’importe, de toutes les républiques libres de l’ancien bloc communiste, le Turkménistan est probablement celui qui est resté le plus fidèle au dogme originel. Une dictature pure beurre, sur lit de gaz naturel et miettes de pétrole off shore. Le pouvoir central a la haute main. Mais depuis décembre dernier, le pays a dégrafé un bouton de son corset, laissant entrevoir un certain appétit pour l’ouverture, à défaut de jouer la transparence en tenant à jour des statistiques dignes de ce nom.

Les accords internationaux se multiplient

Le culte de la personnalité s’étiole lentement et avec lui le culte de l’isolement économique. En trône depuis février, le nouveau président, Gourbangouly Berdymoukhamedov, a mis le cap sur les visites diplomatiques. Asie centrale oblige, les premiers pas ont été dirigés vers ce qui se fait de mieux en termes de voisin islamo-compatible: l’Iran. La visite, rendue en début d’année, avait pour objectif la question des échanges énergétiques. En ligne de mire, les réserves de gaz naturel du Turkménistan, seul véritable trésor sublimant ce pays coincé entre la mer Caspienne et l’horizon des pierres. Au mois de juin, un accord tripartite a été conclu avec la Russie et le Kazakhstan. Au grand dam des Etats-Unis, qui ont ainsi vu couler leur propre projet de gazoduc transcaspien. Enfin, le 15 août dernier, la Chine est entrée dans la ronde, avec une livraison de 30 milliards de mètres cube de gaz à partir de 2009. Sans complexe, le Turkménistan se tourne donc vers tous ce qui pourrait lui permettre de tenir le gazoduc par le robinet. Anna Dorbec de BNP Paribas rappelle: « Le principal problème du Turkménistan est de se trouver au bout des réseaux transportant le gaz centre-asiatique vers la Russie. » L’accord avec la Chine donnera un peu de mou, mais ne suffira pas à changer la donne et permettre au président turkmène de reprendre en main le cours de sa matière première. La manne profite pour l’instant surtout à Gazprom, qui fait plus que doubler le prix du mètre cube d’un bout à l’autre du réseau.

Des appels du pied sont lancés aux investisseurs

Début juin, le président turkmène a donné un nouveau signe d’ouverture en inaugurant la première raffinerie pétrolière étrangère du pays. Un ouvrage conduit sous l’égide de l’anglo-américain Dragon Oil. Il a également posé la première pierre d’une unité de transformation du gaz, bâtie avec le malaisien Petronas. Un ouvrage à 500 millions de dollars qui pompera dès 2010 10 milliards de mètres cube de gaz de la Caspienne par an. La télévision d’Etat, reliquat des bons offices de Bouygues (lire ci-dessous), a ainsi relayé: « Le Turkménistan va créer un climat favorable pour les groupes étrangers. Une large coopération internationale contribuera à l’exploration efficace des ressources naturelles du pays. » Pour le gaz, ces ressources sont estimées à 2 trillions de mètres cube. Une mesure toute relative étant donné le flou volontairement entretenu. Le seul audit jamais mené en la matière n’a jamais été rendu public. « Le pays possède des actifs qui ont certainement de la valeur, mais qu’il est encore impossible d’évaluer », rajoute Anna Dorbec. L’histoire tragi-comique du Turkménistan, qui remercie ses ouailles à coup de Mercedes ou de prison à vie, a encore de beaux jours devant elle.

 

Source L’Agéfi Suisse

«Les Etats-Unis doivent quitter l’Asie centrale» août 18, 2007

Posted by starbucker in Etats-Unis, Géopolitique, Russie / CEI.
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GEOPOLITIQUE. Vendredi, le Groupe de Shanghai a effectué des manœuvres militaires sans précédent.

L’Occident doit-il craindre pour ses intérêts en Asie centrale, riche en hydrocarbures? L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, a effectué vendredi des manœuvres militaires conjointes sans précédent dans la région russe de Tcheliabinsk, dans l’Oural. 6500 hommes, des blindés et près de 100 avions ont participé aux exercices sous le regard des présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Hu Jintao.

Les intentions du Groupe de Shanghai, officiellement créé en 2001, mais déjà en partie constitué en 1996, ne sont pas voilées. Lors du sommet annuel de Bichkek de jeudi (LT du 16.08.2007), les membres de l’OCS ont déclaré que «la stabilité et la sécurité en Asie centrale peuvent être mieux assurées par les efforts entrepris par les nations de la région». Directeur du World Security Institute de Moscou cité par le Christian Science Monitor, Ivan Safranchuk confirme: «L’OCS veut que les Etats-Unis quittent l’Asie centrale. C’est la raison pour laquelle elle effectue ces manœuvres militaires pour démontrer sa capacité d’assurer la stabilité de la région après le départ des Américains.» Les ambitions militaires nouvelles de l’OCS coïncident d’ailleurs avec un retour remarqué de la Russie sur le devant de la scène. Depuis quelques mois, elle multiplie les offensives visant à montrer son statut de puissance qui compte. C’est elle qui pousse à un renforcement de l’OCS. Elle aspire d’ailleurs à ce que l’Iran en devienne un membre à part entière. «La diplomatie entre la Russie et l’Occident est de plus en plus remplacée par des gestes de nature militaire de la part de la Russie», relève Sergeï Strokan, journaliste au Kommersant. Il ne saurait mieux dire. Vendredi, Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait reprendre les vols permanents de bombardiers stratégiques capables de transporter des missiles nucléaires. Cette pratique avait pourtant été abandonnée en 1992.

Enjeux énergétiques

Depuis le 11 septembre 2001, Washington dispose encore d’une base militaire au Kirghizistan, mais a dû abandonner celle qu’il utilisait en Ouzbékistan. Ces exercices, promus par la Russie, ont aussi pour but de faire contrepoids à l’OTAN. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord s’est considérablement élargie dans l’Est européen parmi les ex-membres du Pacte de Varsovie. Mais elle est aussi présente en Afghanistan dans le cadre de la guerre contre le terrorisme.

Russes et Chinois ont des divergences stratégiques dans la région, mais ils partagent les mêmes préoccupations énergétiques. Pour Moscou, il importe d’éconduire les Américains qui poussent les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale à construire des pipelines pour transporter le gaz et le pétrole de la région vers l’Ouest en évitant soigneusement la Russie. La Chine pour sa part souhaite assurer ses sources d’approvisionnement en énergie pour alimenter sa florissante économie. A Bichkek jeudi, le président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, a appelé à la création d’un «club énergétique» pour l’Asie centrale. Sans les Américains.

 

Source Le Temps

Le Kremlin défie l’Amérique en Asie centrale août 17, 2007

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HIER, un ambitieux sommet des pays d’Asie centrale. Aujourd’hui, des exercices militaires de grande envergure avec la Chine. Vladimir Poutine multiplie ses efforts pour défendre dans la région les ambitions russes de superpuissance. À Bichkek, la capitale du Kirghizstan, le chef du Kremlin s’est certes contenté hier de parler d’ « amitié » et de « sécurité » lors de la rencontre annuelle de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Une organisation créée en 2001 pour lutter contre le terrorisme régional et qui regroupe autour de la Russie et de la Chine quatre pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Kirghizstan). Mais, au fil des ans et du regain d’assurance de la diplomatie russe, l’OCS a pris les allures d’organisation anti-américaine. Invité en observateur à Bichkek, le président iranien n’a d’ailleurs pas tardé à le rappeler.

Aux côtés de Vladimir Poutine et de Hu Jintao, le président chinois, Mahmoud Ahmadinejad s’est lancé dans une diatribe contre Washington et son projet de bouclier antimissile. Un programme auquel s’oppose Moscou. «   Un tel projet va au-delà de la menace contre un pays. Cela concerne la majeure partie du continent, toute l’Asie  » , a fustigé Mahmoud Ahmadinejad. Des propos qui ont dû d’autant plus agacer Washington que Hu Jintao s’est empressé d’apporter son amitié au président iranien, s’affirmant «   prêt à améliorer la coopération avec l’Iran dans tous les domaines et à tous les niveaux   » . Quant à Vladimir Poutine, qui souhaite voir Téhéran devenir un membre à part entière de l’OCS, il s’est dit « convaincu » que «   toutes les tentatives de résoudre seul les problèmes mondiaux et régionaux sont vaines  » . Un message adressé à Washington. «   Moscou ne veut pas devenir un gendarme du monde, mais ne veut pas être faible par rapport à Washington  !  » , explique Ivan Safranchuk, le directeur à Moscou du bureau du World Security Institute basé à Washington. En Russie, la diplomatie offensive de Vladimir Poutine est d’autant plus populaire qu’elle fait oublier les tergiversations pro-américaines de la présidence Eltsine : «   Le Kremlin s’est rendu compte que Washington ne le prend pas au sérieux. C’est vécu ici comme une insulte…   » , insiste Ivan Safranchuk. «   Du coup, on peut s’interroger sur les ambitions des exercices militaires russo-chinois d’aujourd’hui : Moscou envoie aussi un message à l’Otan et aux États-Unis.   » «Un message à l’Otan» Ainsi, aux États-Unis, ces exercices militaires et le sommet de Bichkek sont-ils interprétés comme une tentative de la part du Kremlin de contrer l’influence américaine en Asie centrale. Une région d’autant plus stratégique qu’elle est riche en hydrocarbures. Pour la première fois, le président turkmène a d’ailleurs participé à la rencontre de l’OCS, hier. Hasard ou non, ces derniers mois, le Turkménistan, dont les réserves en gaz représenteraient jusqu’à un cinquième du total mondial, a signé des accords avec la Chine et la Russie. Autant de coups durs pour les États-Unis, qui espéraient se rapprocher de ce pays afin de mieux saper l’influence régionale de l’Iran. «   L’OCS a été un succès politique et, logiquement, ses membres cherchent à étendre leur coopération dans l’économie des hydrocarbures  » , prévient Jibek Syzdykova, directeur du Centre moscovite des études d’Asie centrale et du Caucase. «   La Russie et la Chine ont des intérêts communs pour créer un contre-pouvoir géopolitique aux États-Unis. C’est la première fois qu’une organisation a uni les deux pays qui ont fortement influencé l’histoire de l’Asie centrale .  » Autre première aujourd’hui : tous les pays de l’OCS participeront, en présence de Vladimir Poutine et de Hu Jintao, aux manoeuvres qui, au milieu de l’Oural, vont voir 6 500 soldats Russes et Chinois s’entraîner ensemble.

Source Le Figaro

L’Occident indulgent face aux abus démocratiques du pétrolier kazakh août 15, 2007

Posted by starbucker in Géopolitique, Kazakhstan, Pétrole.
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Le Kazakhstan, où ont lieu samedi des législatives, s’est attaché grâce à d’énormes réserves de pétrole les faveurs russe et chinoise mais aussi celles des Occidentaux, qui, un oeil rivé sur les hydrocarbures, en arrivent à diluer certains principes démocratiques.

Un oléoduc pour l’ogre énergétique chinois, quelques gisements pétroliers aux Russes, quelques autres aux Européens et aux Américains, la méthode kazakhe, « multi-vectorielle » selon la formule officielle, pour se faire des amis est pour le moins efficace.

« S’il ne fallait nommer qu’une seule sphère où le Kazakhstan a du succès, c’est sa politique étrangère, bien que, bien sûr, toutes les relations soient basées sur les ressources naturelles », note Dosym Satpaïev, un analyste à Almaty, la capitale économique kazakhe.

Si l’amitié historique entre le Kazakhstan et la Russie n’est guère surprenante ni même les relations de bon voisinage avec la Chine, plus étonnante est la proximité affichée par les Etats-Unis.

En réalité, l’importance stratégique grandissante de l’Asie centrale et les risques d’instabilité dans cette région riche en hydrocarbures et proche de l’Afghanistan, ont fait du Kazakhstan un partenaire logique pour l’Occident, qui est honni chez les Ouzbek, alors que les Turkmènes vivent encore en reclus.

« Le Kazakhstan est le seul grand pays de la région avec qui on peut vraiment parler », résume un diplomate occidental, d’autant que l’ex-république soviétique a réussi son passage à l’économie de marché, ouvrant ses portes aux investisseurs étrangers et garantissant une croissance annuelle de près de 10%.

Dès lors, lorsque le vice-président américain Dick Cheney est venu au Kazakhstan en 2006, ce fut pour exprimer son « admiration » pour le développement économique et politique initié par son « ami » Nazarbaïev, rencontré alors qu’il dirigeait le géant des services pétroliers Halliburton.

Pourtant, les ONG et même le département d’Etat américain ne manquent pas de souligner que la liste des atteintes kazakhes aux droits fondamentaux est longue et que les médias sont sous le contrôle du pouvoir.

Mais, qu’il s’agisse du meurtre de l’opposant Altynbek Sarsenbaïouly, du procès bâclé de ses assassins ou du « suicide » par trois balles de Zamanbek Nourkadilov, un autre détracteur du régime, les gouvernements occidentaux ont évité de se montrer trop durs à l’égard d’Astana.

En mai dernier encore, la Maison blanche s’est gardée de critiquer la réforme constitutionnelle autorisant M. Nazarbaïev, au pouvoir depuis 1989 et l’époque de l’URSS, à se représenter à l’issue de son mandat en 2012, ouvrant la voie, selon l’opposition, à une présidence à vie.

« On peut expliquer la complaisance occidentale sur le respect des normes démocratiques et des droits de l’Homme en une expression: les affaires avant tout », relève M. Satpaïev.

Le Kazakhstan cherche désormais à pousser plus loin cette indulgence et veut se faire reconnaître comme une démocratie à part entière.

Astana fait en effet campagne pour obtenir la présidence en 2009 de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Malgré un palmarès bien terne en la matière, les Européens soutiennent l’ambition kazakhe, de peur de s’aliéner le bon élève de la région, alors que Washington et Londres résistent encore, soulignant notamment que l’OSCE n’a reconnu aucun scrutin kazakh comme ayant été libre.

Dès lors, « les élections (du 18 août) pourraient bien être le dernier examen, la dernière chance, pour obtenir la présidence de l’OSCE », estime Edouard Poletaïev, un politologue indépendant au Kazakhstan.

« Le problème c’est qu’un refus sera vécu comme une humiliation et pourrait pousser (Nazarbaïev) dans la mauvaise direction, à durcir son régime », résume Alikhan Baïmenov, le seul opposant élu lors des législatives de 2004.

Source AFP

L’été libyen août 15, 2007

Posted by starbucker in Géopolitique, Libye.
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En cette fin de mois d’août, nul ne peut prétendre le contraire : la Jamahiriya libyenne concentre toutes les attentions sur elle. Et ce n’est pas le fils du colonel Kadhafi qui ferait dans la discrétion.

Après ses révélations dans le quotidien français le Monde sur l’existence de contrats militaires avec Paris, il a fini par avouer que les infirmières bulgares avaient été «bel et bien» torturées. De manière «méthodique et organisée» pour répondre – par-extension- à la question saugrenue de la chaîne El Jaazera sur la pratique de la torture en Egypte ? Saïf El Islam peut aller se dorer au soleil, les médias occidentaux resteront sur les dents tout cet été et bien au-delà, les actuels appétits de Tripoli seront suivis à la trace par les Sherlock Holmes de la presse européenne.

Dont ceux du quotidien britannique le Daily Telegraph qui auraient mis la main sur des stocks d’uranium dont la Libye tarde à se débarrasser malgré ses engagements pris en 2003. D’après des sources anonymes proches du dossier, citées dans l’article, la Jamahiriya conserve toujours quelque 200 barils d’une valeur de 295 millions d’euros dans une base militaire à Sabha. Certes, Kadhafi s’est plié aux règles de l’AIEA mais, depuis, aurait retardé leur stricte application. Un motif valable à ce «traîne les pieds» ?

Toujours selon les «informateurs» du Daily Telegraph, la temporisation en question jouerait en faveur de la Libye qui souhaiterait monnayer la destruction de ses stocks d’uranium contre l’obtention d’un réacteur. De là peut-on reprocher à Nicolas Sarkozy le fait d’avoir signé avec les autorités de Tripoli le controversé protocole d’accord sur le nucléaire civil ? Après tout, le maître de l’Elysée lutterait à sa façon pour ralentir la course à la prolifération militaro-nucléaire ? Mais voici que le journal français le Parisien nous apprend que le marché conclu entre la France et la Libye n’est pas qu’une simple affaire de couplage d’un réacteur à une usine de dessalement de l’eau de mer.

La Jamahiriya viserait toujours beaucoup plus haut, beaucoup plus fort. Aux dires d’un porte-parole du Commissariat à l’énergie atomique dont l’identité n’a pas été révélée par le journal des bords de Seine, le songeur aux Etats unis d’Afrique convoite la technologie de troisième génération EPR. D’où la sollicitation «brusque» en juin dernier du géant français Areva pour la fourniture et l’installation d’une telle centrale «dernier cri» d’un montant de trois milliards de dollars. Pas avant les dix ou quinze ans à venir, le carnet de commandes du groupe français est chargé.

Faudrait-il d’abord qu’il parvienne à doter la France de la sienne d’ici à 2012 et honorer son contrat avec la Chine qui en avait commandé deux. Et vu les retards accumulés, il y a risque que les livraisons ne se fassent pas dans les délais impartis. A bien suivre ce rythme, le gouvernement de Tripoli ne détruirait pas ses stocks d’uranium avant au moins une décennie. Les bougies du cinquantième anniversaire de la création de l’AIEA remises au placard, les services du docteur El Baradei réagiront-ils à ce paquet d’informations ? Après tout, ce n’est pas leur site Internet qui a été piraté par les adversaires de la politique américaine et israélienne au Proche-Orient -passons les deux cents ogives nucléaires détenues par l’Etat hébreu- mais bien celui des Nations unies.

Parmi les premiers à avoir signé des contrats d’armements avec la Jamahiriya au lendemain de la levée de l’embargo, les Américano-Britanniques feraient-ils un forcing auprès de l’agence viennoise afin que celle-ci somme les Libyens de cureter jusqu’au dernier baril d’uranium et dans des délais raisonnables ? Il ne resterait en Occident plus que l’Allemagne d’Angela Merkel qui pourrait introduire une telle demande pressante.

Et, de ce fait, prolonger ses protestations contre la course en tête et en solo de Nicolas Sarkozy tout au long de son «été libyen». Quant à l’été pourri sur le Vieux Continent, il risque d’inonder le moteur franco-allemand et le «mini-traité» constitutionnel européen avec. A vos barques de sauvetage.

 

Source La Tribune