jump to navigation

Soudan : Des groupes demandent aux fonds américains de lâcher les firmes pétrolières chinoises septembre 9, 2007

Posted by starbucker in Chine, Etats-Unis, Pétrole, Soudan.
add a comment

Des activistes ont lancé une tentative pour couvrir de honte certaines des plus grandes sociétés d’investissement du monde en les obligeant à faire du dumping pour les firmes pétrolières chinoises qu’ils accusent de complicité dans ce que le gouvernement des Etats-Unis appelle le génocide dans la région occidentale du Soudan, le Darfour.

« Le peuple américain ne veut pas investir dans le génocide », a déclaré mercredi Zahara Heckscher, directeur de la campagne de désinvestissement à ‘Save Darfour Coalition’ (Sauver la coalition du Darfour), puisque les membres de la coalition ont dit qu’ils cibleraient cinq sociétés d’investissement avec un mélange de publicité négative, de protestation et de pression des investisseurs.

Les activistes veulent que les ‘Franklin Templeton Investments’, basés aux Etats-Unis, le ‘ JPMorgan Chase’, le ‘Capital Group’s American Funds’, les ‘ Fidelity Investments’, et le ‘Vanguard Group’ vendent leurs actions dans la PetroChina et la firme dont elle est dérivée, la ‘ China National Petroleum Corporation’ (CNPC).

Les activistes ont déclaré qu’ils espèrent, en retour, que les Chinois utiliseraient leur poids en tant que les plus gros acheteurs du pétrole soudanais pour faire pression afin d’obtenir la paix au Darfour. Autrement, les firmes pourraient quitter le pays, augmentant ainsi son isolement et la pression économique sur le gouvernement de Khartoum dans un processus qui rappelle le mouvement de désinvestissement qui s’est déclenché autrefois pour affronter l’apartheid en Afrique du Sud.

En rappel de cette précédente campagne, les activistes ont affirmé qu’ils avaient convaincu 20 Etats américains à adopter des politiques de désinvestissement mandatant les fonds publics de retraite de plusieurs milliards de dollars de se débarrasser des avoirs ruinés par le Darfour. Plus de 50 universités publiques et privées ont également pris des mesures similaires, ont-ils ajouté.

Le pétrole fournit jusqu’à 90 pour cent des recettes d’exportations du Soudan. Les activistes affirment que jusqu’à 70 pour cent de ces recettes sont dépensés sur l’armée.

« Le gouvernement soudanais est sensible à la pression économique », a affirmé Adam Sterling, directeur du Groupe de travail de désinvestissement au Soudan. « Cependant, il a rencontré de telle pression peu sur le Darfour ».

Il est interdit aux firmes américaines d’investir directement au Soudan conformément aux sanctions économiques imposées par Washington en 1997. Toutefois, elles peuvent investir dans des entreprises étrangères qui font des affaires au Soudan. Les activistes du Darfour ont déclaré qu’il existait 500 pareilles entreprises à travers le monde.

Toutefois, depuis juillet, le Parlement européen encourage les firmes européennes à désinvestir.

Les sociétés d’investissement américaines ciblées mercredi détiennent probablement un montant commun d’environ cinq milliards de dollars dans la réserve de la ‘ PetroChina’, a déclaré Sterling à IPS. La firme pétrolière chinoise a une capitalisation boursière supérieure à 230 milliards de dollars.

De leur côté, les sociétés d’investissement ont dit qu’elles ont été injustement ciblées.

« Les conditions dans la région du Darfour au Soudan sont déplorables et nous soutenons des efforts vers un changement positif là-bas », a écrit dans un e-mail Lisa Gallegos, porte-parole de ‘Franklin Templeton’. « D’après notre expérience dans le domaine des investissements dans des marchés émergents, nous avons constaté que le fait de favoriser le développement économique et commercial à travers l’investissement dans des régions troublées peut souvent aider à réaliser des réformes ».

Au ‘Vanguard’, la porte-parole Rebecca Cohen a souligné que les clients individuels et institutionnels de la firme ont l’habilité de choisir de ne pas prendre part aux investissements qu’ils considèrent comme moralement choquants.

Trois fonds du ‘Vanguard’ détiennent une réserve dans la ‘ PetroChina’, la CNPC ou dans les deux, a indiqué Cohen à IPS. Deux de ceux-ci sont des fonds indiciels et par définition, sont nécessaires pour suivre la trace du mouvement des marchés financiers spécifiques : l’un suit la trace des réserves des marchés émergents et l’autre, une section croisée des non-valeurs des Etats-Unis.

Le troisième fonds d’investissement, le ‘Vanguard’s energy fund’ (le fonds d’énergie de Vanguard), est activement géré par un gérant d’actifs extérieurs, ‘ Wellington Management’ avec une vue singulière pour maximiser la rentabilité des investisseurs.

‘Vanguard’ offre aux soi-disant investisseurs socialement responsables — ceux recherchant des contraintes éthiques, non pas seulement des profits maxima — une société d’investissement composée de valeurs émises par des entreprises qui remplissent un tas de critères sociaux et environnementaux, a déclaré Cohen.

A ‘Fidelity’, la porte-parole Anne Crowley, a indiqué que deux sociétés d’investissement que l’entreprise offre aux investisseurs américains détiennent un montant commun de 65 millions de dollars dans les actions de la PetroChina, un fragment des 1,3 milliard de dollars représentant le total des actifs que possède ‘Fidelity’.

‘ Fidelity International’, légalement discrète et basée aux Bermudes, représente en réalité la plupart des avoirs de la ‘ PetroChina’ que les activistes attribuent à ‘Fidelity’ basée aux Etats-Unis, a ajouté Crowley. Les entreprises homonymes bénéficient d’un contrôle restreint.

‘Fidelity’ n’a aucun fonds d’investissement socialement responsable pour ses clients, mais elle offre des options éthiques en provenance d’autres sociétés d’investissement, a souligné Crowley.

Le ‘Capital Group’ et le ‘ JPMorgan Chase’ n’étaient pas disponibles pour faire un commentaire mercredi.

Des rebelles du Darfour ont pris les armes contre le gouvernement soudanais au début de 2003, après des années de conflit tribal au sujet des ressources rares dans cette région aride. Ils ont accusé le gouvernement de Khartoum de négligence, d’armer et de former des milices connues sur le nom de Janjaweed, pour piller et brûler les villages de la localité. Ce qui complique le conflit est qu’on pense que le Darfour est assis au sommet de dépôts de minerais et de pétrole.

Khartoum a reconnu avoir armé certaines milices pour combattre les rebelles, mais a nié tout lien avec les Janjaweed qu’il qualifie de hors-la-loi.

Le combat a tué 200.000 à 400.000 personnes, selon diverses estimations internationales. Quelque 2,5 millions à 3,5 millions d’autres personnes ont été obligées d’abandonner leurs maisons et leurs gagne-pain. Des armes russes et chinoises ont fait surface dans le conflit malgré l’embargo des Nations Unies sur les armes.

Le Congrès américain a qualifié la situation de génocide. Le Parlement européen l’a décrit comme l’équivalent de génocide. Les Etats membres de l’ONU ont dénoncé des meurtres, le viol et la torture comme des crimes contre l’humanité et ont déféré les présumés auteurs devant la Cour pénale internationale, mais Khartoum a refusé de livrer ses ressortissants pour comparaître à l’étranger.

Les dirigeants soudanais se sont opposés aux déclarations des Etats-Unis qui parlent de génocide en disant que Washington a présenté un faux dossier sur les armes de destruction massive en Irak et s’est tourné pour présenter actuellement un dossier contre le Soudan, un autre pays arabe ayant du pétrole.

Les Nations Unies continuent de rassembler une force de maintien de la paix pour compléter un contingent très critiqué de l’Union africaine, déployé de façon éparse sur un terrain difficile, à peu près la taille de la France.

 

Source All Africa